vendredi 25 décembre 2009

dossier essence : 3ème et dernière partie


LA PROVOCATION DE TROP ?

Pwofitasyon


Au fur et à mesure que les négociations ont avancé, le LKP a dévoilé au grand jour une part importante des mécanismes de la profitation concernant la question du prix des carburants et personne parmi le patronat ou la classe politique n’a pu récuser ces accusations. Chacun a pu prendre conscience de la façon dont les profiteurs s’enrichissaient, souvent en toute illégalité, sur le dos des Guadeloupéens, avec la bénédiction de l’Etat. Il reste encore pas mal de choses à éclaircir sur la formation du prix de l’essence et nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises.



Quant aux solutions pour remédier à ces problèmes, elles se font attendre. Dans un communiqué de presse de juillet 2009, le LKP continue à dénoncer : « les engagements pris par l’Etat dans le protocole du 04 Mars ne sont pas respectés. En effet :

- Quid du remboursement des sommes abusivement prélevées par la SARA dans un fonds pour la formation professionnelle des jeunes;

- Quid de la mise en place d’une taxation sur le volume réel de carburants livrés aux distributeurs (effet température);

- Quid de la suppression des taxes abusives et notamment de la taxe « passage en dépôt »;
- Quid du remboursement des 3 millions d’euros versés à la SARA par les Collectivités en décembre 2008;

- Quid de la mise en place d’un véritable service public d’approvisionnement et de distribution des carburants garantissant un produit de qualité au meilleur coût et le maintien des emplois dans le secteur des produits pétroliers;

- Quid de la restructuration des services de l’Etat (répression des fraudes) quant aux contrôles des prix et aux sanctions des dérives constatées. »



Provocations


Au lieu de répondre à ces questions, l’Etat a fait deux gestes : il a versé en juillet dernier 44 millions d’euros à la SARA pour compenser "les pertes occasionnées par la baisse de l’essence" et Victorin Lurel, président de Région, a dénoncé en novembre 2009 qu’à ses 44 millions d’euros l’Etat allait ajouter un crédit de 50 autres millions. Toutes ces aides publiques sont naturellement financées par nos impôts et vont à une entreprise, la SARA, dont l’actionnaire majoritaire, Total, a réalisé en 2008, les plus gros bénéfices jamais réalisés par un groupe français : 13,9 milliards d’euros ! C’est d’autant plus choquant qu’en Guadeloupe, les rapports officiels Payen, puis Olliet, pour ne citer qu'eux, ont clairement mis à jour le vol manifeste que cette entreprise commettait à l’encontre de la Guadeloupe depuis des années, avec des marges aberrantes, des pratiques douteuses, des taxes injustifiées. Dans ces conditions, les augmentations du prix de l’essence imposées par Marie-Luce Penchard sonnent comme une véritable provocation. Une première augmentation de 6 centimes a été appliquée le 16 septembre 2009 et la ministre de l’Outre-mer a annoncé sa volonté d’aboutir à une augmentation de 22 centimes au total avant la fin de l’année. Pour justifier la première hausse, condamnée par le LKP, Marie-Luce Penchard était intervenue le 15 septembre sur le plateau du journal de RFO : « Il faut sortir de ce prix politique, il faut dire aux Guadeloupéens que c’est un prix politique qui ne correspond pas à la réalité. » Brillante démonstration d’une femme politique qui sans complexe dénigre précisément le politique pour se faire le chantre de la loi du marché…



Toucher au prix de l’essence, quand, dans le même temps, l’Etat verse pas loin de 100 millions d’euros à la SARA, sans rien régler aux problèmes avérés dénoncés par le LKP équivaudrait donc à une déclaration de guerre. Après une grève d’avertissement de deux jours les 24 et 25 novembre, Elie Domota a appelé tous les Guadeloupéens à descendre dans la rue si « man Penchard » s’avisait de toucher à nouveau au prix de l’essence. Cette dernière fera-t-elle le pari d’augmenter pendant les fêtes ou attendra-t-elle sagement que passent les élections régionales où elle est engagée, quitte une fois de plus à renier sa parole ? Reste bien sûr la 3ème option, plus idéaliste sans le rapport de force de la grève générale : que le gouvernement tienne enfin les engagements qu’il a pris et réforme en profondeur le processus de formation du prix des carburants aux Antilles… Alors on pourra discuter d’une éventuelle hausse du prix de l’essence.


FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)


2 commentaires:

Anonymous http://abebedorespgondufo.blogs.sapo.pt/ a dit...

Good.
Portugal

26 décembre 2009 à 13:53  
Anonymous Anonyme a dit...

qu'est-ce que ce lien publicitaire ?
c'est le crédit agricole qui vous sponsorise Monsieur Gircour ?

27 décembre 2009 à 07:48  

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