Récit et photos des deux jours de grève
« BIENVENUE EN PAYS LKP, MONSIEUR FABRE ! »
Les deux jours de grève du mardi 24 et mercredi 25 novembre étaient attendus au tournant car ils cristallisaient tous les espoirs ou les craintes que le mouvement reprenne après la suspension de la grève générale le 4 mars. Beaucoup doutaient que le LKP aient conservé sa capacité de mobilisation. Qu’ils soient rassurés ou mortifiés. Pourtant, la première journée était presque passée inaperçue.
Mardi 24 – journée de grève dans les entreprises
L’an dernier, le gouvernement a fait confiance à ses conseillers sur place qui lui assuraient que jamais les Guadeloupéens ne renonceraient à leur carnaval pour un mouvement social. Du coup, ils ne se sont pas affolés, persuadés que le mouvement s’essoufflerait de lui-même. Il a au contraire acquis une force et une légitimité aux yeux de l’opinion publique que nul n’aurait pu soupçonner, pas même ses leaders. Quand le pouvoir s’est réveillé, il était trop tard pour employer la manière forte. Que faire face à toute une population entière déterminée ? Le pouvoir a expérimenté la réalité du fameux slogan en espagnol "¡ el pueblo unido jamás será vencido !", le peuple uni ne sera jamais vaincu. D’autant que la présence des caméras des chaînes nationales et internationales changeait considérablement la donne et empêchait une répression musclée qui aurait donné une image désastreuse de la France et de son gouvernement.
Huit mois après ces événements, le pouvoir a assimilé la leçon et est bien décidé à ne pas commettre la même erreur, à étouffer le mouvement dans l’œuf en le réprimant avant qu’il ne prenne de l’ampleur et que les médias importants ne viennent les déranger (c'est dans ce contexte que le message laissé par Anonyme à propos de mon dernier article prend tout son sens : http://chien-creole2.blogspot.com/2009/11/211109-conference-de-presse-lkp.html) On pouvait donc voir hier et aujourd’hui une présence policière massive, des camions remplis de gendarmes mobiles sillonnant la Guadeloupe, ou stationnés aux emplacements stratégiques, dans la zone industrielle de Jarry, dans les stations, près des possessions du béké Hayot, etc. Le LKP, avec le contrôle qui le caractérise n’a pas donné le moindre prétexte qui puisse donner lieu à des actions répressives. Les employés se sont contentés de faire grève à l’extérieur de leurs entreprises, "gen-ti-ment" et sans empêcher clients et employés non-gréviste de rentrer. D’ailleurs, il faut reconnaître qu’ils étaient assez peu nombreux. Par ailleurs, environ 150 personnes qui s’étaient rassemblées devant le Palais de la Mutualité ont réalisé une petite manifestation ce jour-là, plus symbolique qu’autre chose.
FG
Les grévistes devant Marimax, à Jarry, qui en plus de l'action LKP en profitent pour dénoncer l'attitude de leur direction : "qu'on nous laisse faire notre travail !" (photo FG)
Pour les fêtes de Noël, Joué Club, à Jarry, vous présente sa toute dernière collection de playmobils, "les mamblos" et leur beau camion bleu. Articles vendus séparément. Les playmobils "mamblos" sont disponibles exclusivement en coloris blanc. Ne pas toucher (photo Julien Tack)
Grévistes devant Renault (photo Julien Tack)
Mini-manifestation du mardi, en tête de cortège, Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGTG et Max Evariste de Force Ouvrière (photo FG)
Mercredi 25 – 2ème jour de grève générale et manifestation dans les rues de Pointe-à-Pitre
La manifestation a réuni entre 10 000 manifestants, selon la préfecture et 25 000 selon les organisateurs. Tous s’accordent à reconnaître que cette journée a été un véritable succès, malgré les mois de travail de sape que Chien Créole a dénoncé dans de précédents articles. La peur n’a donc pas réussi à démotiver les Guadeloupéens (relire à ce sujet : http://chien-creole2.blogspot.com/2009/11/derniere-ligne-droite.html et http://chien-creole2.blogspot.com/2009/11/la-peur-comme-arme-de-pouvoir.html). La manifestation était très festive, sous un ciel oscillant entre grand soleil et averses tropicales, sans le moindre débordement, comme à l’accoutumée. Voukoum notamment, célèbre groupe carnavalier de Basse-Terre dégageait une énergie formidable entre chants et percussions. A l’arrivée au Palais de la Mutualité, tout le monde se félicitait du succès de cette matinée et chacun s’interrogeait sur ce qu’allaient dire les délégués. Elie Domota s’est félicité de ce succès incontestable et en a profité avec un large sourire pour s’adresser au nouveau préfet venu appliquer une politique de main de fer : « Bienvenue, monsieur Fabre, en pays LKP ! », déclenchant l’hilarité générale et un tonnerre d’applaudissements.
Il a redit que cette manifestation était un désaveu pour Marie-Luce Penchard et sa politique, ainsi que le tout récent vote du sénat qui vient de donner raison au LKP sur le seul point sensible dont il avait pu discuter avec la ministre lors de sa précédente venue, le 14 novembre. Contrairement à ce qu’elle prétendait, les sénateurs n’ont pu que reconnaître l’évidence : le RSTA n’est pas une allocation mais bien un complément de salaire, non déductible de la prime pour l’emploi. Le porte-parole du LKP et le numéro 2 du mouvement, Jean-Marie Nomertin, de la CGTG, ont rééxigé que l’Etat respecte les engagements qui ont déjà été pris et reprenne sérieusement les négociations pour les points laissés en suspens, comme la question des minimas sociaux notamment. Enfin, Domota a conclu en appelant la population à rester mobilisée et à descendre dans la rue sitôt que Marie-Luce Penchard s’aviserait d’augmenter à nouveau le prix de l’essence. Celle-ci ayant annoncé en juillet qu’au total, l’essence augmenterait de 22 centimes d’ici la fin de l’année 2009 et comme on est encore loin du compte, il va être intéressant d’observer si elle tiendra compte ou non de cet avertissement. Affaire à suivre de très près, donc. En attendant, le prochain meeting LKP est prévu vendredi 27 novembre, à 19h00, devant la mutualité.
FG
Avant le départ de la manif, devant le Palais de la Mutualité. L'épineuse question des contrats aidés et de la précarité de l'emploi de manière générale ne sont toujours pas réglés (photo Julien Tack)
Dans les rues de Pointe-à Pitre (photo FG)
Vendeurs et commerçants de la grande rue commerçante, la rue Frébault, ont baissé leurs rideaux de fer le temps du passage du cortège. Souvenirs, souvenirs... (photo FG)
L'arrivée sur la Mutualité (photo FG)
Gaby Clavier, ex-secrétaire général de l'UGTG, fait montre de ses talents de chanteur (Photo FG)
Une foule enthousiaste pour écouter Domota et Nomertin (photo Julien Tack)
Max Celeste, dirigeant de Combat Ouvrier (photo FG)
2 commentaires:
on voit bien la stratégie de sape du mouvement, pour empêcher les syndicats d'être dans les entreprises.
Je pense qu'il faut aussi bien rappeler que les gens ont commencé à faire du syndicalisme, pour se défendre, à partir de 68, quand les syndicats se sont progressivement implantés dans les entreprises, et surtout dans les petites entreprises.
Les travailleurs des petites entreprises alors, savaient qu'ils ne pourraient obtenir autant que dans les grandes entreprises, ils étaient lucides là-dessus mais avaient leur mot à dire.
Dans ce que tu décris, on voit bien que les forces de l'ordre interfèrent pour défendre les entrepreneurs, et uniquement les entrepreneurs, renvoyant les travailleurs à la rue, de manière à continuer d'entretenir à leur avantage, la confusion entre grève et manifestation.
De cette manière, ils entendent augmenter la conflictualité quotidienne sur le lieu de travail, instituer toujours plus de violence sociale, en faire chier au peuple un maximum.
Il y a entrave à la démocratie ouvrière au sein de l'entreprise, de manière à l'étouffer via les directions des ressources humaines et tout le bataclan.
Mais la prise de risque des dirigeants est Zéro
Zéro prise de risque pour les entrepreneurs
Inconséquence absolue, des bons à rien !
tout ce qui les préoccupe de de faire bonne apparence, pas d'affrontements dans les rues qui leur donneraient une mauvaise image de marque , à eux et à leur gouvernement.
Alors, s'il était juste de considérer la dérive autoritaire et stalinienne de l'UGTG, pendant les 44 jours, aujourd'hui, faut manifestement revoir sa copie.
Pani problem, Fred.
Y'a que les cons qui changent pas d'avis.
Outre le bon résumé de ces deux jours de mobilisation, coup de coeur pour la photo devant jouéclub.
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