mercredi 16 mai 2012

Deuxième jour de grève générale – LE MOUVEMENT S'ORGANISE


Vendredi 11 mai, avant d'assister au debriefing devant le Palais de la Mutualité, je décide d'aller faire un tour à Jarry, histoire de voir si la grève générale est perceptible. A première vue, rien de spectaculaire si ce n'est la station Total à l'entrée de la zone industrielle qui s'est bâtie sur la mangrove, qui n'en finit pas de pomper l'eau des dernières inondations. 

Reliquat des graves inondations du mardi 8 mai (photo ©FG)

En ce milieu d'après-midi, les véhicules des gendarmes mobiles si nombreux hier, y-compris les blindés anti-émeutes, ont déserté la zone. Pour le reste, l'activité semble normale, beaucoup de véhicules circulent comme à l'accoutumée et je ne distingue aucun rideau baissé. Il faut avoir l'oeil averti pour apercevoir ici ou là, des grévistes qui se tiennent à l'écart de leur entreprise comme à Marimax, par exemple. A l'intérieur, ce sont les cadres et les stagiaires qui assument les tâches qui ne leur incombent pas en temps normal. « Ils ne veulent pas respecter l'accord Bino mais alors il ne fallait pas prendre l'argent ! » dénonce un gréviste. 

Les employés de Marimax en grève (ceux qui ne sont pas encore partis au Palais de la Mutualité) 
(photo ©FG)

 Il est vrai que pendant les trois années écoulées, les patrons signataires de l'accord Bino n'ont pas fait la fine bouche quand il s'est agi que le contribuable paye l'essentiel des 200 euros qui auraient du être à leur charge... 

Grévistes devant Toyota (photo ©FG)

À Toyota, les grévistes ont un peu plus de visibilité : des revendications sont inscrites sur des pancartes et des cartons, enjoignant notamment le patron, monsieur de Périgny à respecter sa signature.

Lorsque j'arrive à BMW, j'aperçois une demi-douzaine d'Antillais, groupés près d'une sortie, très baraqués et la mine patibulaire. Lorsque je leur demande s'ils sont en grève, ils ricanent : « non, nous on est là pour empêcher la grève !». Ils sont une bonne dizaine dans tout l'établissement. Loin du comportement de simples vigiles en uniforme, debouts dans une attitude respectueuse, ces hommes ne portent pas d'uniformes réglementaires et se promènent où bon leur semble, s'assoient en prenant leurs aises, passent des coups de fil, etc. Aussi bien leur aspect physique, leur attitude, que les propos qu'ils m'ont tenu sans savoir qui j'étais, font penser à une milice patronale... 

Photo prise discrètement de trois membres du curieux "service d'ordre" de BMW (photo ©FG


De fait, j'ai beau chercher, je ne vois aucun gréviste sur place, et les employés à l'intérieur refusent de me donner la moindre information, comme s'ils avaient peur de représailles. Un client qui semble prendre son mal en patience m'explique qu'on lui a dit qu'à cause des éléments grévistes, l'entreprise avait pris du retard... Je prends encore le temps de faire un tour sur le parking de Carrefour Destreland où le matin, selon le témoignage d'un ami, les manblos étaient très nombreux. 

Sur le parking de Destreland (photo ©FG)

Je constate à cette heure la présence de deux camions de la gendarmerie et des éléments qui patrouillent par deux ou trois sur le parking ou qui papotent non loin d'une entrée en n 'hésitant pas à s'interrompre pour engueuler un gamin qui vient de jeter un papier de glace par terre. Entre les gros bras que j'ai aperçu à Jarry et les manblo qui arpentent le parking de Carrefour, je me dis que de nos jours, on prend n'importe qui pour effectuer le boulot de vigile... 

Devant l'entrée du centre commercial Carrefour Destreland (photo ©FG)

A la Jaille, devant Leader Price, j'observe aussi la présence de deux camions de la gendarmerie mobile.

Au bik, le débriefing s'est tenu avec quatre heures de retard sur l'horaire annoncé, donnant à penser que les délégués LKP en réunion, peinaient à se mettre d'accord sur la suite à donner. 

Installation des nouvelles banderoles LKP au bik (Palais de la Mutualité) (photo ©FG)

Les dirigeants qui ont pris la parole devant les militants les plus tenaces, encore présents, ont appelé à poursuivre le mouvement. Elie Domota a dénoncé avec fermeté le fait que les libertés fondamentales comme le droit de grève soit systématiquement bafoué par l'envoi de gendarmes mobiles. Il a accusé les autorités de violer « leurs propres lois » puisque les manblo n'ont pas hésité à pénétrer dans certaines entreprises pour en déloger les grévistes du LKP, alors qu'ils ne bloquaient personne ni n'exerçaient la moindre entrave. Les gendarmes ne peuvent en effet agir de la sorte sans ordonnance du tribunal et ont donc sciemment enfreints la loi pour protéger des patrons qui eux bafouent un accord qu'ils ont pourtant très officiellement signé...
  
Max Evariste, secrétaire général de FO, en pointe depuis les premiers meetings de préparation de cette grève (et depuis le retrait sensible de Jean-Marie Nomertin de la CGTG, pas toujours présent) (photo ©FG)


Domota a ensuite lancé une nouvelle fois un appel aux employés municipaux de toute la Guadeloupe, menacés par la suppression des 40% de prime à la vie chère en cas d'arrêt maladie. Il a appelé à l'unité et à la solidarité quelque soit le syndicat le plus représenté dans chaque mairie. Enfin, il a fustigé Huygues-Despointes et Bernard Hayot, propriétaires entre bien d'autres marques des deux Carrefour de l'archipel, accusés d'être derrière les consignes du MEDEF de ne pas appliquer l'accord Bino. 

                                  Elie Domota entouré de délégués LKP au bik (photo ©FG)

Il a appelé à une action contre Carrefour Milénis, le lendemain matin, dès 5h00, pour dénoncer le mépris et la pwofitasyon qui caractérise cette enseigne. Il en a profité pour demander aux Guadeloupéens d'aller faire leurs courses ailleurs que dans ces deux centres commerciaux, les plus grands de l'archipel.

FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)


Retrouvez la vidéo de l'intervention d'Elie Domota (9,28 mn)  
en cliquant ici

1 commentaires:

Anonymous le visiteur a dit...

au bled aussi, on a les manblo.
Maintenant, ils roulent sur le trottoir.
Y'a une vieille du PS qui fait des plantations de cannabis dans son jardin et ils passent chercher la récolte dans l'après-midi. C'est comme au mac Do.
Cette nuit, j'ai senti des odeurs toxiques ; il paraît que ça vient des bidons de l'usine qu'ils ont enterré dans le sol.
Mais le matin, personne a jamais rien senti, c'ést peut-être le cheval.

17 mai 2012 à 02:28  

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