affaire Gerty David

DES MENACES DE MORT PROFERÉES A L'ENCONTRE L’AVOCATE SARAH ARISTIDE

Maître Aristide, que les lecteurs de Chien Créole connaissent bien pour son engagement courageux auprès du LKP, a été menacée de mort dans le cadre d’une affaire criminelle qui défraye la chronique en Guadeloupe.

Un crime odieux

13 août 2006. Gerty David, une mère de famille de 36 ans part se baigner à Rivière-Sens, sur la commune de Gourbeyre, au sud de la Basse-Terre. On ne la reverra

Gerty David (photo extraite du blog créé par sa famille : http://gerty.blogspace.fr/)

jamais vivante. Son cadavre a été retrouvé deux jours plus tard dans une bananeraie de Trois-Rivières. L’autopsie déterminera qu’elle a été violée, torturée et que c’est un couteau planté plusieurs fois dans sa gorge, qui en tranchant sa jugulaire aura mis fin à son calvaire. Ce crime odieux a horrifié la Guadeloupe toute entière.

Les avocats mettent en cause les conclusions de l’investigation policière.

Deux hommes ont été arrêtés, Cédric Télémaque et Julian Bruno qui ont en partie reconnu les faits. Leur procès en assise s’est ouvert le 25 janvier, seulement voilà, les avocats de la famille qui s’est constituée partie civile estime que l’enquête a été bâclée et que, selon certains éléments, tout porte à croire que les deux inculpés, s’ils sont effectivement responsables, n’auraient pas agi seuls, ni dans les circonstances qu’ils voudraient faire croire.

Incohérences et témoignages contradictoires

Selon les révélations qu’ils ont faites aux enquêteurs, le crime aurait eu lieu le jour même de la disparition, à 15 h00. Or, on a retrouvé dans l’estomac de la victime des aliments qui ne correspondaient pas au repas pris chez sa mère à midi. De là à penser qu’elle a été séquestrée et nourrie par ses bourreaux, il n’y a qu’un pas. Par ailleurs, un témoin a révélé avoir croisé Gerty en voiture le soir de sa disparition alors que la nuit était déjà tombée. Un gardien de prison, ami de la victime, a cherché à en savoir plus et a recueilli un témoignage selon lequel ils auraient été plusieurs à la violer et à l’assassiner, dont un certain Jo.

Jo l’indien

Jo, c’est le surnom d’un excellent ami des deux assassins, Joël Guillaume, dit Jo l’indien. A la requête des avocats, un mandat d’amener l’a contraint à venir déposer au procès alors qu’il réside aujourd’hui dans l’hexagone et qu’il n’avait étrangement jamais été inquiété jusque là. Mis en difficulté à l’audience par maître Aristide, celui-ci, accompagné de dix amis « à la mine patibulaire » s’est approché d’elle un peu plus tard, à l’extérieur du palais de justice où elle s’était retiré pour fumer une cigarette(1). Selon maître Aristide, il a lancé en créole à ceux qui l’accompagnaient : « fé foto ay a midi lè i vivan, zo ké répran foto a 1 h lè i ké mo » : prenez sa photo à midi pendant qu’elle est vivante, vous reprendrez sa photo à une heure quand elle sera morte. Un témoin ayant assisté à la scène a confirmé ces propos d’une gravité exceptionnelle au bâtonnier Ezelin, mais craignant pour sa vie, a refusé de témoigner à la barre contre Joël Guillaume.

Plainte déposée pour menaces de mort

Par ailleurs, Sarah Aristide qui, elle, a porté plainte pour « menaces de mort » rapporte également que trois individus, dont Joël Guillaume l’attendait un peu plus tard à sa voiture et qu’un homme dont elle ignore l’identité s’était même placé dans son dos sans qu’elle le remarque. C’est l’intervention d’un tiers qui a peut-être empêché le pire. Ce type d’agissements ne fait que renforcer les soupçons très lourds pesant déjà sur Joël Guillaume. Souhaitons que la lumière soit faite rapidement sur les circonstances de la mort de Gerty David et qu’en attendant la police assure, ainsi qu’elle le demande, la protection de maître Aristide et de son entourage. Nous vous tiendrons informés des suites de cette sordide affaire.

FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)

(1) Encore une preuve que fumer est dangereux...