lundi 26 novembre 2012

Changement d'adresse


Attention, suite à des problèmes techniques rencontrés sur Chien Créole 2, retrouvez désormais mes articles sur  Chien Créole 3

Cordialement, 

FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)

PS : Pensez à le mettre dans vos favoris et n'hésitez pas à partager les articles sur vos réseaux sociaux.

mercredi 20 juin 2012

Liens



LES ZONES D'OMBRE AUTOUR DE LA MORT DE JACQUES BINO

(liens vers les 7 parties qui constituent le chapitre consacré à cette affaire dans "LKP, Guadeloupe - Le mouvement des 44 jours", Frédéric Gircour et Nicolas Rey, ed. Syllepse, 2010)



1ère partie : Les faits
2ème partie : Fausses pistes
3ème partie : Ruddy Alexis
7ème partie : Du grand délire



vendredi 18 mai 2012

TRACT LKP POUR COMPRENDRE LE SENS DU MOUVEMENT



TRAVAYÈ 


DOUBOUT



Samedi 12 mai 2012, an mitan mwa a mémwa, les travailleurs, le peuple de Guadeloupe et Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) se sont mobilisés jantiman aux abords du centre commercial Milénis, un des deux temples de la pwofitasyon an péyi Gwadloup.  Très tôt, les gendarmes et la police ont stoppé les manifestants et empêché tout accès à la galerie marchande jusqu’à 18 heures.


Avec une enseigne comme Carrefour, le centre commercial Milénis est l’exemple même des abus subis par les travailleurs et le peuple de Guadeloupe. Carrefour Milénis, en plus d’être un des champions de la pwofitasyon sur les prix, notamment des produits alimentaires, est également l’employeur de nombreux travailleurs dont les bas salaires relèvent de l’accord Jacques BINO du 26 février 2009.


Conformément à la clause de convertibilité – article V de l’accord Bino, Carrefour Milénis devait, à compter du 1er mars 2012, prendre en charge l’intégralité du versement des 200 € ayant bénéficié jusque-là des aides de l’Etat, des Collectivités et de la Sécurité sociale.

En effet, le RSTA, aide de 100 € mensuels spécifique à certaines colonies françaises, avait été créé par le gouvernement français en sorte que, pendant 3 ans, ce soient les contribuables, et non le patronat, qui financent une partie de l’augmentation de 200 € des bas salaires en Guadeloupe.

Depuis le 1er mars 2012, Carrefour Milénis, comme d’autres entreprises signataires de l’accord Bino qui suivent les recommandations du MEDEF Guadeloupe, refuse d’appliquer la clause de convertibilité et viole ainsi l’accord signé en prétextant de la prolongation par l’Etat du versement du RSTA et des exonérations de charges, affirmant que ce dispositif entraine automatiquement le report de la clause de convertibilité.

Cette affirmation relève de la manipulation voire de la malhonnêteté car la reconduction d’une aide de l’Etat ne peut, à elle seule, modifier un accord négocié entre les parties, en reportant automatiquement l’application d’un article. L’accord signé le 26 février 2009 fait référence aux aides de l’Etat en précisant clairement sa durée : 36 mois, c'est-à-dire 3 ans. L’accord ne prévoit pas la reconduction des aides ; il est donc clair que la clause de convertibilité est prévue pour être appliquée au 1er Mars 2012.

Pour rappel, l’article 1134 du code civil prévoit que « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ». Il n’est donc pas possible de les modifier sans accord des parties contractantes. L’accord du 26 février 2009 est un  accord à durée indéterminée pouvant être modifié suivant les dispositions de l’article L2261-1 du code du travail. Etant donné que l’accord initial ne prévoit pas de clause de révision, la jurisprudence considère, d’une part, qu’un consentement unanime des signataires de l’accord est nécessaire pour engager la procédure de révision et, d’autre part, que les organisations signataires sont seules habilitées pour signer l’avenant de révision (Soc. 13 nov. 2008. D.2008. AJ 3090).   

On le voit bien, yo vlé kouyonné nou, kontinyé kouyonné nou é tchouyé akòw BINO. Nous rappelons que plusieurs centaines de travailleurs touchant moins de 1,4 SMIC n’ont jamais perçu le RSTA ni la quote-part du Département et de la Région car ces derniers ont modifié le salaire de référence.

De plus, depuis l’instauration du revenu supplémentaire d’activité (RSA) au 1er janvier 2011 et selon le décret n° 2010-1784, le RSTA n’est versé qu’aux salariés « ayant bénéficié de cette prestation au mois de novembre 2010 ou décembre 2010 » et « à condition » qu’ils n’aient connu « aucune interruption de droit [au RSTA] supérieur à 2 mois consécutifs » et qu’aucun membre de leur foyer ne soit « bénéficiaire du revenu de solidarité active ».

En clair : Les travailleurs qui étaient, en novembre et décembre 2010, en formation, au chômage, encore étudiants ou employés en France ne bénéficient pas des 100 € du RSTA et ne pourront jamais y prétendre !

Les travailleurs qui, entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2012, ont connu une période de chômage d’au minimum 2 mois ne peuvent plus bénéficier des 100 € du RSTA et ne pourront plus jamais y prétendre !

Les travailleurs qui ont un conjoint ou un enfant à charge titulaire du RSA – socle ou complément d’activité – ne peuvent, en aucune manière, prétendre au bénéfice des 100 € du RSTA !

Une fois de plus, yo bouzwen fè nou pran dlo-mouchach pou lèt !

Le résultat de leurs mensonges et de leur refus de mettre la main à la poche est donc une discrimination entre les travailleurs selon leur parcours professionnel et selon leur réalité familiale. Pou menm travay-la, tini sa ki ka gannyé 100 € é sa ki pa ka gannyé ! C’est, à terme, la disparition pure et simple de l’accord BINO.

C’est pour dénoncer ce nouveau masko des pwofitan et cette discrimination inacceptable que le LKP était, samedi 12 mai, présent jantiman devant le centre commercial Milénis afin d’obtenir les 200 € pou tout travayè !

Mais c’est également pour mettre un coup d’arrêt à la pwofitasyon insupportable sur les produits de première nécessité que le LKP était mobilisé, ce samedi 12 mai 2012, pour dénoncer les agoulou gran fal de la grande distribution.

Depuis 3 ans, le LKP demande à ce que l’Etat respecte les engagements qui avaient été pris sur le contrôle des prix des produits de première nécessité ;

Depuis 3 ans, le LKP exige que toutes les enseignes de la grande distribution appliquent la baisse de l’octroi de mer qui, en octobre 2009, leur a été accordée par la Région au détriment du budget des 32 communes de Guadeloupe ;

Depuis 3 ans, Travayè é Pèp Gwadloup an lari-la pou di « LAS VIDÉ PÒCH AN-NOU, LAS PWOFITÉ SI NOU » !

Travailleurs, Peuple de Guadeloupe, annou kontinyé déchoukaj a pwofitasyon pour la satisfaction des justes revendications é konstwi ondòt Gwadloup !

Soutenons les travailleurs qui luttent : Mairie de goyave, Centrale géothermique de Bouillante, Super U Chanzy, Dépôt Ecomax Jarry, Crèche de Chemin neuf, Renault, Toyota, SGDM, Marimax, Leader Price, Esso, Vito, Total, Texaco, Cap, Sasema, Viennoiserie plus, Carrefour Milenis, Mairie de Capesterre, de Saint-Claude, de Port-louis, des Abymes, de Bouillante, de Baie-Mahault, de Vieux-Habitants, Cadi surgelés, Logigua, Saserq, Dorlin, Bannette, Datex, Gosier transports, TCSV, Soprest’îles, Carrefour market, Canella beach, Sictom, MIB sécurité, é tou lézòt ki o konba é sa kay rantré an konba…

POUR LE RESPECT DE TOUTES LES DISPOSITIONS DE L’ACCORD BINO !

POUR LE MAINTIEN DES REVENUS EN CAS DE CONGE MALADIE DANS LA FONCTION PUBLIQUE !

POUR L’ARRET DE LA PWOFITASYON SUR LES PRIX !

LKP APPELLE TOUT ZANFAN GWADLOUP A REJOINDRE LA LUTTE ETA S’ENGAGER DANS TOUTES LES ACTIONS MILITANTES À VENIR

MEETING : VENDREDI 18 MAI A 19 H

DOUVAN BIK A LKP
                                        Lapwent, lendi 14 mé 2012

mercredi 16 mai 2012

TÉMOIGNAGE SUR L'ENCERCLEMENT DU CENTRE COMMERCIAL MILÉNIS PAR LE LKP

Chien Créole est fier d'ouvrir ses colonnes à Lidéjis, qui nous relate ici la journée d'action du LKP à Carrefour Milénis.

             Ce samedi passé, nous étions une centaine de militants à avoir répondu, dès 5 heures du matin, à l'appel lancé par le LKP à occuper le centre commercial Milénis.

Photo ©Lidéjis

La veille, les grévistes, avec le renfort de militants, avaient déjà entrepris des premières mesures de blocage qui avaient entraîné une sorte de gigantesque jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre. C'est ce qui explique que des manblo (gendarmes mobiles), fraîchement arrivés de France, aient dormi sur place et que les militants les plus matinaux – certains présents même dès 4h30 du matin – aient trouvé les fourgons des différents unités militaires comme comité d'accueil à chacune des entrées du parking de Milénis.



                                           Photo ©Lidéjis 

Le temps d'atteindre un chiffre suffisamment respectable et d'enfourner un didiko afin de faire le plein de forces, les leaders de l'action ont lancé l'opération aux alentours de 6 heures du matin en répartissant, au départ, les militants pacifistes en 3 colonnes, soit une pour chaque entrée ; le rideau métallique des deux dernières, sur les cinq que compte Milénis, n'ayant pas été levé. A ce moment-là, les unités de manblo étaient regroupées à l'intérieur de leurs fourgons répartis en différents endroits du parking ; seuls quelques binômes militaires étaient postés aux environs des entrées.

Dès notre positionnement, les premiers effectifs furent envoyés pour se placer entre nous et les portes d'accès. Ce n'est qu'à l'arrivée de renforts de la police nationale, des babilòn de Guadeloupe sûrement envoyés après que le poste de commandement ait constaté que les militants du LKP étaient relativement nombreux, que l'opération de véritable interposition a été initiée par les forces de l'ordre. Forces de l'ordre capitaliste comme ne peut mieux l'illustrer la mise à disposition de la force publique au service des intérêts privés d'un entrepreneur refusant d'appliquer l'accord Bino.



 Photo ©Lidéjis

Cette stratégie d'interposition a consisté à positionner des effectifs militaires plus importants entre nous et les accès. Une fois en place, sans aucune opposition de notre part, le regroupement de manblo et de babilòn a utilisé ses grands boucliers rectangulaires pour avancer de quelques mètres et gagner de l'espace sur nous. A l'entrée n° 2, cela a tangué un peu entre un babilòn et un militant de l'UGTG mais, de chaque côté des forces en présence, un appel au calme a été lancé et a rapidement fait redescendre la pression. Le fait que les deux blocs opposés aient recours à la même langue – le créole – a, sans doute aucun, facilité l'apaisement rapide d'un côté comme de l'autre.

Du côté de l'entrée n°1, qui présente la particularité de se faire par une sorte de couloir à ciel ouvert, les choses se sont passées avec plus d'électricité, l'espace plus réduit – puisqu'entre deux murs – ne permettant pas aux manifestants de se dégager sur les côtés et les gendarmes mobiles trop pressants, peut-être par manque d'expérience, ne leur laissant pas d'autre choix que de faire front. Résultat, la masse des civils a commencé à prendre le dessus sur les militaires, les acculant contre les portes automatiques au point qu'ils ressentent l'obligation d'utiliser les gaz lacrymogènes. La situation de légère panique des forces de l'ordre de la porte n°1 peut être confirmée par l'utilisation maladroite de ces gaz qui sont en bonne partie retombés sur ceux qui les avaient lancés. Mais, là encore, les responsables du LKP chargés du bon déroulement des opérations à cette porte ont tenu leurs troupes, les ont fait reculées et ont jantiman laissé les gendarmes mobiles se positionnaient comme bon leur semblait.

Au total, vers 8 heures 30 (heure d'ouverture habituelle du centre commercial) – 9 heures, les forces de l'ordre, une bonne vingtaine d'hommes par accès à l'extérieur, d'autres en attente à l'intérieur, faisaient face à une quarantaine de militants pacifistes du LKP par entrée. Assez tôt, le LKP réorienta la répartition des participants : son rideau de fer ayant finalement été abaissé, la porte n°3 ne devait plus être occupée, jusqu'à la fin de la journée, que par une dizaine de militants chargés de surveiller qu'elle ne servirait pas à permettre aux manblo de prendre à revers le dispositif mis en place. Outre les forces directement au contact, des unités militaires étaient positionnées autour de leurs fourgons sur le parking ainsi qu'en quelques points aux immédiats alentour du centre commercial (rond-point, sortie de la nationale, arrêt de bus).

Photo ©Lidéjis


L'heure de l'ouverture des portes arrivait, des employés et des consommateurs – vraiment avides de consommer ! – observaient et attendaient une éventuelle ouverture par la force.
Les leaders du LKP passèrent alors donner les instructions pour la journée : puisque l'armée et la police étaient elles-mêmes en position de barrage devant les portes du centre commercial et nous refusaient le passage, le LKP prenait la décision de former un second cordon afin d'expliquer aux personnes se présentant que le centre commercial était fermé pour cause de grève et du fait que les forces armées bloquaient l'entrée. Les rôles se trouvaient donc renversés par cette stratégie pacifique : une sorte de prise de judo utilisant la force d'un adversaire armé pour la retourner contre celui-ci.

Cette stratégie fut appliquée assez efficacement pendant les premiers temps, les employés et les badauds devant s'adresser aux militants du LKP qui faisaient tampon entre le public et les forces armées. Je crois que je ne pourrai donner un meilleur exemple de la détermination et de la maîtrise dont ont fait preuve tous les activistes de ce samedi en relatant la manière dont un homme d'une quarantaine d'années, haut de taille, tenta, de façon soudaine, de franchir la chaîne humaine que nous formions, escomptant que l'élan pris et que sa puissance physique suffiraient à forcer le passage. De mes yeux j'ai vu la tentative brutale de cet homme se fracasser, avec toute la force de son âge et toute la hauteur de sa taille, sur la dignité imperturbable et sublime d'une jeune femme d'à peine un mètre soixante qui lui opposa son absolue immobilité. Je crois que cette camarade de lutte donna le ton : les éventuels candidats à l'affrontement étaient avertis de l'inutilité de toute tentative.


 Photo ©Lidéjis

La donne changea légèrement à partir du moment où les jeunes – très jeunes – gendarmes mobiles crurent discerner en chaque personne leur paraissant européenne, un possible client ou employé non-gréviste, et en chaque personne leur paraissant guadeloupéenne, un lkpiste. Un sous-officier jugeant bon de faire signe au loin, selon leur apparence physique, à certaines personnes semblant désireuses d'entrer ; celles-ci, enhardies par le soutien militaire, s'avancèrent – au niveau de la porte n°2 où j'étais placé – pour tenter de rentrer alors même qu'elles ne pouvaient le faire sans avoir à nous passer sur le corps.
Trois incidents s'enchaînèrent ainsi, par la faute d'une lecture raciste de la situation faite par les seuls gendarmes mobiles qui créèrent, de leur seule initiative, une période de confrontation nèg-Gwadloup contre blan-Fwans.

Le premier incident fut le fait d'un homme, ayant autour de la soixantaine, qui jugea que sa liberté personnelle à consommer spécialement dans ce supermarché-là, ce jour-là, était supérieure à la lutte collective de travailleurs réclamant la simple application d'un accord signé. Cet homme insista, malgré le discours argumenté de plusieurs militants toujours imperturbables, tentant de se faufiler entre nos rangs. Arrêtés une première fois, peut-être intimidé par la hauteur des camarades qui lui faisaient face ; l'homme crut rusé de choisir un nouveau point de passage qui lui paraissait plus aisé à franchir. Mal lui en prit ! Tel un dyab-zigidi, un camarade, surgi de derrière notre ronde, se dressa face à lui, à seulement quelques centimètres de son visage. Franchissant une nouvelle étape dans la provocation, l'homme crut que, parce que notre camarade faisait à peu près la même taille que lui, il lui serait loisible de passer. Ce fut la dernière tentative d'intimidation physique de cette longue journée. L'homme se retrouva promptement à terre, non pas sous l'action d'un quelconque coup du camarade mais simplement parce qu'il vint lui-même se cogner au corps solide et dur comme du bwa-gayak de notre camarade qui demeura jantiman, du début à la fin de l’incident, droit debout.

 Photo ©Lidéjis


Peu de temps après, toujours à l'invitation des manblo, une consommatrice rétorquant, en langue française, qu’elle ne comprenait pas la langue créole, aux argumentations présentées par les militants lui expliquant qu'elle ne pouvait venir faire le moindre achat aujourd'hui au centre commercial Milénis, insista pour tenter de passer notre cordon. Celui-ci s'anima tel une vague pour s'interposer entre elle et les forces armées. Jusque-là tout en contenance, certains militants à son immédiat abord ne purent leur indignation lorsqu'elle leur asséna qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait – y compris donc briser une grève et une protestation populaire légitime – puisqu'elle était dans son pays. Les injures en créole fusèrent qui, étonnement, choquèrent la dame qui, un instant avant, prétendait ne pas comprendre lorsque nous nous adressions à elle en créole guadeloupéen.

La puissance du verbe suffit finalement à éloigner cette dame dont l'intervention déplacée eut au moins le mérite d'initier une discussion collective sur la façon dont les Guadeloupéennes et Guadeloupéens présents avaient, chacun, subi des situations de racisme et de xénophobie lors de leurs années passées en France ; notamment en s'entendant dire qu'ils n'y étaient pas chez eux et qu'il valait mieux qu'ils retournent dans leur pays, pour s'entendre asséner, une fois de retour en Guadeloupe, que celle-ci appartenait aux Français et que ceux-ci considéraient que leur droit à consommer comme bon leur semble l’emportait sur le droit des Guadeloupéens à exister et travailler dignement. Mi ! Déba wòy wòy wòy !

Enfin, le dernier incident, beaucoup plus léger, impliqua une employée d'une boutique de la galerie commerciale plus motivée que quiconque à aller bosser ce samedi, alors qu'aucun client n'avait accès à Milénis. Comme de nombreuses autres personnes ce jour-là, elle tenta d'obtenir directement auprès des forces de l'ordre, sinon une autorisation de passer du moins une confirmation de la fermeture, ignorant les êtres humains, placés entre elle et les hommes en uniforme, et pourtant tout à fait disposés à lui exposer calmement les motivations de leur action. Comme aux autres personnes pleines de mépris qui adoptèrent ce comportement, les militants présents lui adressèrent cette simple question : E nou ? Nou pa moun ?

Il me faut quand même préciser, après l'énoncé de ces rares incidents, que la majorité des personnes venues faire quelques courses ce jour-là a eu le bon sens, à la vue des effectifs militaires déployés et de la présence des militants, de simplement faire demi-tour. A défaut de nous rejoindre dans l'action, un grand nombre a manifesté son soutien à notre action contre la pwofitasyon et pour l'application de l'accord Bino.

Photo ©Lidéjis

Une fois l'afflux d'employés et de clients tari au fur et à mesure que la matinée avançait, la situation se modifia en cours d'après-midi. La conjonction du nombre de grévistes, du peu de non-grévistes ayant pu rejoindre leur poste, de l’absence de chalands et de la continuation d'une action d'encerclement entamée depuis 5 heures du matin entrainait l'impossibilité d'une ouverture du centre commercial. On se retrouva alors, aux alentours de 14 heures, dans une nouvelle situation où le centre commercial était reconnu comme fermé, y compris par les forces armées.

Prenant conscience de ce retournement, les militants du LKP commencèrent à faire relâche. Après pratiquement 10 heures de station debout, les militants se placèrent sur les côtés des accès tenus par les forces de l'ordre, leur abandonnant la responsabilité d'annoncer aux consommateurs avides de dépenser que le centre commercial était fermé à tous, grévistes comme non-grévistes, militants lkpistes comme militants consuméristes ! A force d'obstination, le LKP obtenait donc le prononcé par le commandement militaire de la fermeture de l'ensemble du centre commercial pour la durée entière de la journée.
Vers 18 heures, après treize heures d’une action parfaitement maîtrisée, les brigades pacifiques du LKP décidaient donc de se retirer avec le sentiment du devoir accompli et de la pleine réussite de leur journée d’action non-violente.

Lundi 14 mai, au cours du débriefing qui s’est tenu devant le Bik, Elie Domota, porte-parole du Liyannaj Kont Pwofitasyon, a donné rendez-vous pour le meeting de ce vendredi 18 mai à 19 h – toujours au Bik a LKP – où sera annoncé le lieu de la prochaine action qui aura lieu ce samedi 19 mai.

lidéjis


PS : Pour lire le tract du LKP rendant compte de l’action du samedi 12 mai et appelant au meeting du vendredi 18 mai, cliquez ici. 

Deuxième jour de grève générale – LE MOUVEMENT S'ORGANISE


Vendredi 11 mai, avant d'assister au debriefing devant le Palais de la Mutualité, je décide d'aller faire un tour à Jarry, histoire de voir si la grève générale est perceptible. A première vue, rien de spectaculaire si ce n'est la station Total à l'entrée de la zone industrielle qui s'est bâtie sur la mangrove, qui n'en finit pas de pomper l'eau des dernières inondations. 

Reliquat des graves inondations du mardi 8 mai (photo ©FG)

En ce milieu d'après-midi, les véhicules des gendarmes mobiles si nombreux hier, y-compris les blindés anti-émeutes, ont déserté la zone. Pour le reste, l'activité semble normale, beaucoup de véhicules circulent comme à l'accoutumée et je ne distingue aucun rideau baissé. Il faut avoir l'oeil averti pour apercevoir ici ou là, des grévistes qui se tiennent à l'écart de leur entreprise comme à Marimax, par exemple. A l'intérieur, ce sont les cadres et les stagiaires qui assument les tâches qui ne leur incombent pas en temps normal. « Ils ne veulent pas respecter l'accord Bino mais alors il ne fallait pas prendre l'argent ! » dénonce un gréviste. 

Les employés de Marimax en grève (ceux qui ne sont pas encore partis au Palais de la Mutualité) 
(photo ©FG)

 Il est vrai que pendant les trois années écoulées, les patrons signataires de l'accord Bino n'ont pas fait la fine bouche quand il s'est agi que le contribuable paye l'essentiel des 200 euros qui auraient du être à leur charge... 

Grévistes devant Toyota (photo ©FG)

À Toyota, les grévistes ont un peu plus de visibilité : des revendications sont inscrites sur des pancartes et des cartons, enjoignant notamment le patron, monsieur de Périgny à respecter sa signature.

Lorsque j'arrive à BMW, j'aperçois une demi-douzaine d'Antillais, groupés près d'une sortie, très baraqués et la mine patibulaire. Lorsque je leur demande s'ils sont en grève, ils ricanent : « non, nous on est là pour empêcher la grève !». Ils sont une bonne dizaine dans tout l'établissement. Loin du comportement de simples vigiles en uniforme, debouts dans une attitude respectueuse, ces hommes ne portent pas d'uniformes réglementaires et se promènent où bon leur semble, s'assoient en prenant leurs aises, passent des coups de fil, etc. Aussi bien leur aspect physique, leur attitude, que les propos qu'ils m'ont tenu sans savoir qui j'étais, font penser à une milice patronale... 

Photo prise discrètement de trois membres du curieux "service d'ordre" de BMW (photo ©FG


De fait, j'ai beau chercher, je ne vois aucun gréviste sur place, et les employés à l'intérieur refusent de me donner la moindre information, comme s'ils avaient peur de représailles. Un client qui semble prendre son mal en patience m'explique qu'on lui a dit qu'à cause des éléments grévistes, l'entreprise avait pris du retard... Je prends encore le temps de faire un tour sur le parking de Carrefour Destreland où le matin, selon le témoignage d'un ami, les manblos étaient très nombreux. 

Sur le parking de Destreland (photo ©FG)

Je constate à cette heure la présence de deux camions de la gendarmerie et des éléments qui patrouillent par deux ou trois sur le parking ou qui papotent non loin d'une entrée en n 'hésitant pas à s'interrompre pour engueuler un gamin qui vient de jeter un papier de glace par terre. Entre les gros bras que j'ai aperçu à Jarry et les manblo qui arpentent le parking de Carrefour, je me dis que de nos jours, on prend n'importe qui pour effectuer le boulot de vigile... 

Devant l'entrée du centre commercial Carrefour Destreland (photo ©FG)

A la Jaille, devant Leader Price, j'observe aussi la présence de deux camions de la gendarmerie mobile.

Au bik, le débriefing s'est tenu avec quatre heures de retard sur l'horaire annoncé, donnant à penser que les délégués LKP en réunion, peinaient à se mettre d'accord sur la suite à donner. 

Installation des nouvelles banderoles LKP au bik (Palais de la Mutualité) (photo ©FG)

Les dirigeants qui ont pris la parole devant les militants les plus tenaces, encore présents, ont appelé à poursuivre le mouvement. Elie Domota a dénoncé avec fermeté le fait que les libertés fondamentales comme le droit de grève soit systématiquement bafoué par l'envoi de gendarmes mobiles. Il a accusé les autorités de violer « leurs propres lois » puisque les manblo n'ont pas hésité à pénétrer dans certaines entreprises pour en déloger les grévistes du LKP, alors qu'ils ne bloquaient personne ni n'exerçaient la moindre entrave. Les gendarmes ne peuvent en effet agir de la sorte sans ordonnance du tribunal et ont donc sciemment enfreints la loi pour protéger des patrons qui eux bafouent un accord qu'ils ont pourtant très officiellement signé...
  
Max Evariste, secrétaire général de FO, en pointe depuis les premiers meetings de préparation de cette grève (et depuis le retrait sensible de Jean-Marie Nomertin de la CGTG, pas toujours présent) (photo ©FG)


Domota a ensuite lancé une nouvelle fois un appel aux employés municipaux de toute la Guadeloupe, menacés par la suppression des 40% de prime à la vie chère en cas d'arrêt maladie. Il a appelé à l'unité et à la solidarité quelque soit le syndicat le plus représenté dans chaque mairie. Enfin, il a fustigé Huygues-Despointes et Bernard Hayot, propriétaires entre bien d'autres marques des deux Carrefour de l'archipel, accusés d'être derrière les consignes du MEDEF de ne pas appliquer l'accord Bino. 

                                  Elie Domota entouré de délégués LKP au bik (photo ©FG)

Il a appelé à une action contre Carrefour Milénis, le lendemain matin, dès 5h00, pour dénoncer le mépris et la pwofitasyon qui caractérise cette enseigne. Il en a profité pour demander aux Guadeloupéens d'aller faire leurs courses ailleurs que dans ces deux centres commerciaux, les plus grands de l'archipel.

FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)


Retrouvez la vidéo de l'intervention d'Elie Domota (9,28 mn)  
en cliquant ici

jeudi 10 mai 2012

Appel à poursuivre et amplifier la grève

Le LKP appelle à reconduire et  à amplifier la grève générale demain vendredi. Pour Elie Domota, la première journée a été un succès avec plus de 3000 travailleurs en grève dans plus d'une centaine d'entreprises, comme BMW, Mercedes, Marimax, But, Conforama, Banette, certaines stations, etc. 



 Très peu de blocages mais essentiellement des employés présents à l'intérieur de l'entreprise faisant grève. Le porte parole du collectif a insisté sur la justesse de la cause défendue par le LKP et a fustigé l'Etat qui, au terme de la dernière réunion de la commission de suivi de l'accord Bino, a proposé comme date de prochaine réunion le 24 juin, avant d'accepter la date du 24 mai sur l'insistance des délégués LKP. Cela démontre pour lui qu'ils n'ont pas la volonté de prendre les mesures urgentes qui s'imposent pour faire respecter l'accord Bino. Il a aussi dénoncé le fait que lors des inondations d'il y a deux jours, les Guadeloupéens n'avaient pu compter que sur les pompiers, les gens d'EDF et sur leurs voisins, qu'on a pas vu un manblo, par contre ils étaient massivement présents aujourd'hui, face aux grévistes et pour intimider. Il a demandé d'intensifier la grève, en appelant en particulier les employés municipaux, touchés par la menace de retrait des 40% en cas d'arrêts maladie, à se mobiliser et à rejoindre le mouvement. 

FG (chien.creole@gmail.com)

mercredi 9 mai 2012



GREVE GENERALE DU 10 MAI 2012, UN VIRAGE POUR LE LKP ?

A la fin de la manifestation du 27 mars, le LKP a appelé une grève générale illimitée à partir du 10 mai 2012. C'est la deuxième fois seulement, depuis les 44 jours que le collectif appelle les Guadeloupéens à renouer avec ce mode d'action. La dernière fois, en décembre 2010, les délégués du LKP n'avait pas jugé la mobilisation des premiers jours suffisamment importante pour poursuivre le mouvement. Les récents changements apparus au sein du LKP et l'état de la société guadeloupéenne à l'orée de 2012 peuvent-ils préjuger d'une issue différente cette fois-ci ?


Le tempo LKP

On notera pour commencer que le timing suivi aujourd'hui par le LKP est tout à fait semblable à celui utilisé lors des deux précédentes grèves générales, 2009 et 2010 : le mouvement des 44 jours était parti le 20 janvier 2009 mais avait été précédé par une première journée de mobilisation le 16 décembre 2008. Lorsque le LKP a tenté de relancer une grève illimitée en décembre 2010, il s'y est là aussi pris en deux temps avec une première journée de mobilisation en octobre et un appel à la grève générale illimitée deux mois plus tard. On peut donc parler de modus operandi (ou de tempo) LKP.


 Elie Domota, sur la place centrale de Grand Bourg à Marie Galante, le 1er mai 2012  (photo ©FG)



Un appel a donc été lancé à l'issue de la journée du 27 mars pour un mouvement plus important le 10 mai. Stratégiquement parlant, la concomitance entre d'un côté la campagne présidentielle (qui a accaparé en bonne part les esprits et parfois même les énergies) et les meetings LKP de préparation du 10 mai d'autre part, était plutôt un obstacle qu'autre chose, à l'heure de mobiliser. Mais en ignorant, ou feignant d'ignorer le calendrier électoral français, le LKP entend s'affranchir du rythme de l'hexagone et par là même, se rendre maître de son propre calendrier. Lorsqu'on songe que la plupart des syndicats hexagonaux, sont eux, à ce point inféodés au rythme électoral, qu'ils ont pour l'essentiel gelé toute tentative de construire un grand mouvement contestataire depuis grosso-modo une année, dans l'attente des élections, on se dit que la stratégie locale n'est peut-être pas forcément si mauvaise. A une très large majorité, les Guadeloupéens ont voté pour François Hollande. Plus que la victoire du candidat du PS, la défaite de Nicolas Sarkozy a créé une nouvelle dynamique, en donnant le sentiment qu'il était possible de renverser la vapeur. Quoique le LKP n'ait pas grand chose à voir avec la victoire de Hollande, il n'est pas exclu que le collectif bénéficie de cet élan. Et puis même si tel n'est pas l'objectif, si le mouvement prend de l'ampleur, le peuple de Guadeloupe aura peut-être le privilège d'envoyer le premier message fort de la base, au nouveau chef de l'Etat...


« Nous ne les laisserons pas tuer Jacques Bino une deuxième fois »

Si le timing respecté par le LKP répond donc à une façon de faire éprouvée, moins habituelles sont les modalités d'action proposées pour le 10 mai. Il n'y a pas de manifestation prévue ce jour-là. Il est demandé aux travailleurs de dresser des piquets de grève dans leurs entreprises et seul un rassemblement est prévu devant le palais de la mutualité à 16h00. Il est vrai que la colère gronde au sein des entreprises guadeloupéennes dont un bon nombre de patrons ont choisi de ne pas honorer leur signature, en remettant en cause l'article 5 de l'accord Bino, correspondant à la clause de convertibilité. En effet, des aides de l'Etat et des collectivités locales avaient été prévues pour une durée maximum de 3 ans afin que les entreprises puissent mettre leur comptabilité à jour pour pouvoir prendre l'intégralité de la charge des 200 euros. Les trois ans sont écoulés et voici que de nombreux patrons signifient leur refus de payer les 200 euros.

Peut-on demander aux salariés de renoncer à un des points qu'ils ont arraché de haute lutte il y a trois ans et pour lesquels ils ont concédé d'importants sacrifices ? Qui plus est un acquis social auquel ils se sont habitués alors que les prix n'ont cessé d'augmenter depuis. A plusieurs reprises lors de la manifestation du 1er mai à Marie Galante, les syndicalistes qui ont pris la parole, dont Domota, ont réitéré qu'ils ne laisseraient pas Jacques Bino se faire tuer une deuxième fois. Des conflits ont donc commencé à éclater un petit peu partout, l'attention se cristallisant surtout sur Gardel, car la grève des ouvriers de l'usine sucrière compromet les revenus des planteurs de cannes qui vont perdre la récolte 2012. Au lieu de placer le patron devant ses responsabilités puisqu'il a déclenché cette crise, ce sont les grévistes qui sont mis en cause par des planteurs qui les accusent d'enfermement idéologique. Il est évident que certains se frottent les mains de l'impact médiatique que ces affrontements entre travailleurs peuvent susciter. Le vieil adage latin "divide et impera" (diviser pour mieux régner), fait encore recette en 2012.



Manifestation du 27 mars 2012 à Pointe-à-Pitre (photo ©FG)


Ambiguïtés

La division menace aussi au sein du LKP :
  • L'UPG, par exemple, syndicat indépendantiste agricole, semble avoir pris ses distances avec l'UGTG suite à cette même question de la canne.
  • Le 27 mars, on n'a pas vu la CTU dans les rues de Pointe-à-Pointre, pas plus que ses membres n'ont défilé le 1er mai, préférant organiser seuls une rencontre sur le thème de l'accord Bino...
  • La CGTG, qui comme Combat Ouvrier, s'est retirée des instances dirigeantes du LKP, a organisé un défilé du 1er mai à Pointe-à-Pitre, quand le reste du collectif, hormis la CTU donc, défilait à Marie Galante. Si officiellement, c'était pour des raisons de logistique, il en a résulté un sentiment d'éclatement.
  • Le PCF et l'UPLG sont engagés dans les FPAC, Forces Patriotiques Anti-Colonialistes, au côté du FKNG, du CIPPA et du COPAGUA et tentent de trouver un prolongement politique pour l'après-LKP...
Bref, le Guadeloupéen peut avoir le sentiment d'un mouvement sinon éclaté, du moins dispersé et cette confusion peut jeter le trouble, voire démotiver. Pour couronner le tout, l'appel à la grève du 10 mai n'a pas été signé par le LKP mais par une intersyndicale regroupant 12 syndicats, dont les trois principaux (UGTG, CGTG et CTU), alors que les meetings de préparation étaient organisés par le LKP !

Un certain nombre de questions se posent aussi :
Les importantes inondations qui viennent de frapper la région pointoise auront-elles un effet sur la mobilisation ; les stations services dont un certain nombre a commencé à fermer pour cause de grève ce 9 mai, auront-elles un rôle aussi important qu'en 2009 (rappelons qu'en 2010, aucune n'avait suivi le mouvement de grève) ; comment va réagir le ministrable Lurel et l'opinion publique, ébranlée par l'affaire Gardel ; quelle réaction aura François Hollande si le mouvement prend de l'ampleur ? Faut-il espérer de lui, moins de mépris et plus de considération vis-à-vis d'une Guadeloupe qui lui a été si favorable ou aura-t-il à cœur d'asseoir son autorité en faisant preuve de la même intransigeance que son prédécesseur ?


Enfin un discours politique fort

Comme je l'indiquais en 2010 dans l'ouvrage que j'ai coécrit avec Nicolas Rey, la prévisible dénonciation de l'accord Bino par les patrons qui en sont signataires constitue en soit une bombe à retardement et le motif d'une reprise sérieuse du mouvement social. Entre temps, l'Etat a fort habilement prolongé le versement du RSTA jusqu'au 31 décembre 2012 pour ceux dont les patrons n'ont pas signé l'accord Bino, mais qui dépendent de l'extension de l'accord alors promulguée par le ministère du travail. Autrement dit, les 200 euros ne s'arrêteront pour eux que dans quelques mois ; un tour de passe-passe qui permet d'éviter que tous les travailleurs précaires, 80 000 foyers concernés par le versement des 200 euros selon le LKP, ne se retrouvent en même temps, du jour au lendemain, à devoir faire face à une baisse brutale de 200 euros de leur pouvoir d'achat. 

Un dernier facteur, last but not least, est le nouveau discours adopté par un LKP, où les indépendantistes ont désormais les coudées franches. Alors que les années qui ont suivi le mouvement de 2009 ont été caractérisées par un discours peu enclin à soulever les foules, de type syndical, se bornant à s'indigner du non-respect des engagements, voilà que le LKP renoue avec un discours politique. Ce nouveau discours qui s'autorise à parler de souveraineté, Elie Domota en a donné un très bel exemple le 26 mars, veille de la première journée de mobilisation. Chien Créole l'analyse dans l'article précédent. Si certains pourront déplorer l'orientation nationaliste au dépens des autres tendances prévalant depuis le début au sein du LKP, il n'en demeure pas moins que ce genre de discours est porteur d'un souffle incontestable, capable de mobiliser, voire d'enthousiasmer et pourrait donc relancer, dès demain ou à moyen terme, une dynamique jusque là, en panne.


Frédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)

LE TOUT EN IMAGES


LA MANIF DU 27 MARS 2012

La manifestation a rassemblé plus de 10 000 manifestants dans les rues de Pointe-à-Pitre, selon les organisateurs (photo ©FG)

 l'UAG an balan ! (photo ©FG)

 En grève ! (photo ©FG)

 Joël Nanquin, peintre guadeloupéen et figure du combat anti-colonial (photo ©FG)

 Comme dit le dicton, mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche ! (photo ©FG)

 le PCG (photo ©FG)

 "C'est quand vous courbez l'échine que les pwofitans vous piétinent !" (photo ©FG)

Assis sur les grilles devant le Palais de la Mutualité, Papy Pantouf, fier d'arborer son T-shirt LKP. Âgé de plus de 70 ans, il fait à vélo toutes les étapes du tour de Guadeloupe (très physique) et ne loupe bien sûr pas une manif ! (photo ©FG)

1er MAI 2012 à MARIE GALANTE

Dans les rues de Grand-Bourg, nous étions 2500 selon les organisateurs  (photo ©FG)

 Ferdy Louisy, brocardé. Le maire de Goyave est en conflit avec les employés municipaux depuis qu'il applique le retrait des 40% pendant les congés maladie. (photo ©FG)

 La tribune à l'arrivée (photo ©FG)

 Un travailleur de Gardel (photo ©FG)

Elie Domota (photo ©FG)