Onde de choc du référendum en Martinique
LES MARTINIQUAIS ONT DIT NON MERCI
Ainsi donc le "non" l’a très largement remporté en Martinique et en Guyane qui se voyaient proposer un statut d’autonomie avec l’article 74. Je ne m’attarderai pas sur les conséquences de ces référendums dans ces deux départements d’Outre-mer, car en toute honnêteté, je méconnais profondément les logiques qui ont conduit à ce résultat et les traces qu’elles vont laisser. Peut-être notre correspondant Moun Isi se risquera-t-il à une analyse de cet échec. Je me bornerai pour ma part à analyser succinctement les répercussions possibles pour la Guadeloupe et les perspectives d’autonomie que cela laisse.
Ecarté
Le premier constat, c’est que les élus guadeloupéens qui ont demandé à Sarkozy un moratoire de dix-huit mois pour prendre leur décision doivent se frotter les mains de ne pas s’être précipité dans ce qui est devenu un fiasco. En 2003, pour une consultation plus ou moins similaire, la Martinique avait obtenu beaucoup plus de points en faveur du "oui" que la Guadeloupe, ce qui n’avait pourtant pas suffi à constituer une majorité. Cette fois, la démarche a été initiée par les élus martiniquais, en 2008, alors qu’en Guadeloupe, cette proposition de référendum a été décidée par Nicolas Sarkozy. Autrement dit, si cette question avait une légitimité certaine en Martinique, ce n’était pas le cas en Guadeloupe où le LKP, dès le début a dénoncé une tentative de diversion de la part d’un pouvoir cherchant à esquiver les questions restées en suspens depuis les 44 jours. En 2003, il a manqué environ un millier de votes pour que le "oui" l’emporte en Martinique; cette fois, au moins, c’est plus net : environ 80 % des électeurs, avec un taux de participation avoisinant celui des dernières élections présidentielles, ont voté "non". Semblable référendum, si la Guadeloupe y avait participé, n’aurait probablement pas obtenu 10% de "oui" pour les raisons que je viens d’évoquer ! Il est donc désormais exclu qu’au terme du moratoire, Lurel et Gillot demandent une évolution statutaire. C’est un premier enseignement.
Un chemin différent pour la Guadeloupe ?
Même si le LKP était opposé à aborder la question de l’article 74 en l’état et si l’UGTG était sans ambiguïté sur cette ligne, on peut malgré tout imaginer que cette forte réticence de la population envers une évolution statutaire va mécaniquement affaiblir les indépendantistes au sein du LKP et provoquer un mini rééquilibrage d’influence à la faveur des autres tendances. C'est du moins probable.
Et puis du côté institutionnel, l'article 74 prévoyant un renforcement du pouvoir local et la fusion en une assemblée unique, donc aux pouvoirs accrus, avait de quoi susciter l’intérêt des politiques de tout bord. Le fait que cette option soit écartée en Guadeloupe va dans une certaine mesure dégager le champ et cesser d’accaparer les esprits et les énergies. C’est une opportunité pour se recentrer sur les questions fondamentales, celles des 146 points de la plateforme de revendication. Une fois les réponses apportées, et si cette ébauche de réflexion se poursuit pour aboutir à un projet de société, la Guadeloupe choisira, si elle le souhaite l’outil ad hoc pour le mettre en application. C’est un chemin plus long mais la démarche aura du sens. Si elle s’engage dans cette voie, la population aura été partie prenante depuis le premier jour du processus et l’autonomie ne sera pas une fin en soi, mais un moyen dont tous comprendront l’utilité. Cette condition est certainement la clé du succès d'une telle entreprise. Entre temps, les élus devront faire la démonstration qu’ils sont dignes de la confiance qu’on pourrait être amené à leur accorder. Et pour y parvenir, il va falloir un sacré changement d’attitude afin de combler le gouffre qui les sépare aujourd'hui de la population. Ce sera sans doute là la partie la plus ardue…
FRédéric Gircour (chien.creole@gmail.com)
4 commentaires:
merci
mais si vous pouviez rappeler à chaque fois, les questions qui sont posées
en 2003, c'était pas la même
mais ça revient au même, c'est étudié pour
tiens, si on parlait aussi un peu du référendum européen de 2005, histoire de détendre l'atmosphère...
En tout cas, il est souhaitable que Moun Isi continue à correspondre
On est là Moun Isi, on est là
De mon côté, j'en cause avec Chavez, au cas où il faudrait des renforts.
"... on peut malgré tout imaginer que cette forte réticence de la population envers une évolution statutaire va mécaniquement affaiblir les indépendantistes au sein du LKP et provoquer un mini rééquilibrage d’influence à la faveur des autres tendances. ..."
Je ne suis pas d'accord avec l'argumentation ci-dessous. Attention, je ne veux pas dire qu'il ne pourrait pas y avoir "mini-rééquilibrage" mais, le fait d'avancer qu'il pourrait être dû au refus du 74 qui, dans le cas précis de votre papier, est assimilé à une évolution statutaire de même acabit que celle que voudrait les indépendantistes est un peu limite. En effet, comment mettre sur la même ligne de vue une quelconque évolution statutaire proposée et programmée par le Gouv Franç au titre de sa constitution et celle qui pourrait être initiée par les guadeloupéens eux-mêmes à leur propre rythme?
Ce sont 2 process totalement différents donc on ne doit pas faire l'hypothèse que la réaction des électeurs à l'interrogation sur la possibilité de la mise en oeuvre de l'une peut, je vous cite, mécaniquement induire la réponse à l'autre et surtout une modification de la perception de la force de certains sur l'échiquier ..
C'est faire preuve d'une certaine approximation simpliste qui nuit ensuite à la clarté des débats, analyses, informations et discussions nécessaires par les temps qui courent... Or, cette tendance simplificatrice par substitution peut conduire à se fourvoyer sur des chemins bien plus importants pour la construction d'un projet où toutes les voix des parti(e)s en présence se valent et devront être prises en compte... pour garantir dans 20 ou 30 ans un avenir un peu moins sombre à la Guadeloupe .. en eau profonde
Man FLo
bon, on va pas non plus se traiter de cerveaux lents, maintenant...
les causes de cet échec est comme vous l'avez bien souligné la précipitation dans laquelle les hommes politiques martiniquais se sont jetés sur l'article 74, sans préparer le peuple, sans discuter et négocier, et sans débattre avec les opposants.
sans oublier les égos démesurés et les querelles de personnes.
La défiance envers nos politiciens est aussi la cause de cet échec et non la peur de changer de statut qui selon moi est une analyse simpliste et dénuée de sens que font trop d'hommes politiques martiniquais.
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