mercredi 13 janvier 2010

Martinique : 1959 - 2009, 50 ans de demande d'autonomie. Bilan

Malgré la tristesse qu'il partage avec tous les Antillais concernant le drame qui frappe Haïti, Moun Isi a tenu l'engagement qu'il avait pris avec Chien Créole de tenter d'expliquer les raisons de la béresina du réferendum sur l'évolution statutaire en Martinique. Merci à lui.
CC

Les raisons de l'échec du OUI lors de la consultation du 10 janvier 2010

126298 Non
32954 Oui
55% de participation

(photo Moun Isi)

On peut parler de défaite indiscutable pour le OUI, comme souvent les raisons sont multiples.

La peur. La peur du largage est latente depuis 1977 et le programme commun de la gauche. Cette peur a été entretenue notamment par le biais d'affiches 4x3 où le message était « Ne jouons pas notre destin ».
Peur également de la perte des acquis sociaux, des retraites, des allocations chômage, du RMI ou de je ne sais quelle autre allocation, j'ai entendu dans un meeting un sénateur dire qu'un parlementaire facétieux, à l'occasion du parcours de la loi organique, pouvait introduire un amendement organisant la fin de l'allocation parent isolé.
Peur de la perte des subventions européennes par le passage du statut de RUP à celui de PTOM du fait de certaines dispositions proposées par les élus, comme la préférence à l'emploi ou le droit de regard sur les transactions immobilières.
La peur de la loi organique définissant les conditions de passage à l'article 74 de la constitution et étant élaborée après la consultation. Le retour du « chat-an-sak(1) ».

L'indépendance. Le fait que cette demande d'autonomie ait été portée par presque tous les mouvements indépendantistes a pu établir dans un certain nombre d'esprits l'équation autonomie = indépendance ou sa variante autonomie = antichambre de l'indépendance.

Les pollutions. La bataille entre l'institution régionale et la ville de Fort-de-France autour du projet de reconstruction du lycée Schoelcher, et par là même l'opposition frontale entre Alfred Marie-Jeanne(2) et Serge Letchimy(3) a pu faire croire à un combat d'hommes et non d'idées. Les empoignades verbales et autres coup de sang ont largement Ces deux hommes par ailleurs se réclamant de Césaire. « L'affaire » de l'école reconstruite en Dominique grâce à une aide de la région Martinique de l'ordre de 1,5M€ est également venue polluer le débat. La proximité des élections régionales (14 et 21 mars) a concouru à une forme de régionalisation de la consultation. Il est à noter que les présidents Lise et Marie-Jeanne avaient plaidé le report de ces élections auprès du président de la république.

Ces trois raisons ont de fait entrainé une campagne défensive de la part des partisans du OUI, contraints d'avoir à se justifier au lieu de proposer.
Ces raisons n'exonèrent pas le camp du OUI d'un déficit de communication certain.

Les erreurs.
En premier lieu, un problème de méthode, il me semble que les porteurs n'ont guère occupé le temps et l'espace.
Le temps, car la relance de l'évolution institutionnelle figurait dans le programme de la liste MIM-CNCP lors de la campagne pour les élections régionales en 2004. Le processus a commencé en 2007 avec la synthèse des projets SMDE(4) et agenda 21(5). Deux ans pour présenter et surtout accompagner un projet.
L'espace, car l'on n'a pas vu les partisans du OUI occuper massivement le terrain. L'on a plutôt vu nombre de maires et d'élus régionaux et généraux porteurs du OUI faire une sorte de service minimum.
De manière générale, On peut également s'interroger sur les choix du RMC(6) de privilégier les « grand-messes » au détriment d'une campagne de proximité, le fameux « porteaporte.com ». A croire que les partisans du OUI ne se sont pas donné les moyens de leur réussite.

Je tiens à préciser que je ne crois absolument pas à l'hypothèse d'une campagne trop courte, trop proche des fêtes, trop tout … Les porteurs de ce projet avaient la maitrise de l'agenda à l 'exception du moment de la consultation.
Je ne crois pas davantage au rejet par la population des élus, les électeurs sont parfaitement conscients des limites de ces derniers.

Peuple pétri d'oralité, quel proverbe décrit le mieux la situation ? A moins que les trois ne soient pertinents ?
Ou sav sa ou ka kité, ou pa sav, sa'w ka pran / tu sais ce que tu as, tu ne sais pas ce que tu Sa ki ta'w, la riviè pa ka chayé'y / patience et longueur de temps
Chak bètafé ka kléré pou nam li / une somme de moi ne fait pas un nous

(1) Lors de la consultation de 2003, l'argument de l'inconnu « le chat-an-sak » a été défini par
Feu Camille Darsières, ancien secrétaire général du Parti Progressiste Martiniquais.
(2)Alfred Marie-Jeanne est l'actuel président du conseil régional et probable candidat à sa
propre succession.
(3) Serge Letchimy est l'actuel maire de Fort-de-France et probable tête de liste du Parti
Progressiste Martiniquais aux élections régionales du mars 2010.
(4) Schéma Martiniquais de Développement Économique élaboré par le conseil régional.
(5) Agenda 21, projet de développement élaboré par le conseil général.
(6) Rassemblement Martiniquais pour le Changement

11 commentaires:

Anonymous bert a dit...

Je suis étonné de ce que les "métropolitains" ne soient pas eux aussi consultés dans un tel cadre. Il serait interessant de connaitre l'avis de la population de la métropole quant à une éventuelle autonomie accrue, voire indépendance, des départements d'Outre mer...
Les difficultés seraient parfois les mêmes, dont celle de pouvoir avoir un débat exhaustif animé par des représentants objectifs des parties en présence.
Pour autant, je me sens, moi, métropolitain, n'ayant jamais mis les pieds dans un DOM et n'ayant aucune intention (ni moyens, je dois l'avouer...) de le faire, pourtant concerné par l'évolution des DOM. Personnellement, je serais pour une indépendance immédiate et complète.

14 janvier 2010 à 11:47  
Anonymous passage a dit...

L'échec du OUI est-il vraiment la victoire du non ?


"Chak bètafé ka kléré pou nam"

C'est la cause de l'échec du Nous

14 janvier 2010 à 16:41  
Anonymous Le visiteur a dit...

t'as pas l'impression d'être partie-prenante, bert ?

faut-il intervenir avec ses grands pieds
et en Yougoslavie, tu crois pas qu' ils s'en seraient mieux sortis si il n'y avait pas eu l'intervention occidentale
( point d'interrogation)

15 janvier 2010 à 03:02  
Anonymous Anonyme a dit...

Bert ? En étant partie prenante, intéréssé, concerné il faut "un peu" de réflexion avant de prendre une décision ... Comment un métropolitain ignorant des DOM, et - je le dis sans agressivité - non intéressé, non concerné en premier lieu, pourrait-il (et de quel droit ?)donner son avis sur le statut de l'ile ?
Tu n'as pas déjà (avec l'Europe par exemple) l'impression d'être dépossédé de toute décision dans notre "beau pays démocratique et fraternel" qu'est la France ? Tu veux nous en rajouter une couche en décidant pour nous ?

15 janvier 2010 à 06:36  
Anonymous Anonyme a dit...

Au visiteur:
Je ne vois pas vraiment de rapports avec la Yougoslavie...Et elle s'appelait Berthe, et n'avait qu'un seul grand pied...Le mien, je ne le mettrait pas dans la porte avant qu'elle se referme, je l'ai déjà dit.

@ l'Anonyme:

Pourquoi je me permets de vouloir donner mon avis? Parce que la question concerne aussi la métropole, simplement. La France, elle est ce qu'elle est, surtout en ce moment, je te l'accorde. Mais quoiqu'il en soit, ben, je vis dans ce pays depuis quarante ans, et je suis obligé comme tout le monde d'assumer tout ce que peut être la France aujourd'hui. Simple citoyen bien passif...
Et les DOM sont français, aujourd'hui, officiellement, juridiquement, internationalement. En me permettant de décider, je ne décide pas que pour vous ou toi, je décide aussi pour moi! Le droit de donner mon avis, c'est pour cela que je l'ai. Il n'a rien de négatif. En tant que citoyen français, je souhaiterai le plus d'autonomie possible pour les DOM, voire une indépendance totale, selon les voeux des habitants des DOM eux mêmes.

15 janvier 2010 à 12:16  
Anonymous le visiteur a dit...

à Bert
je croyais que tu plaisantais !
t'es une personne qui revendique d'être un citoyen passif plutôt que de faire le constat que tu n'as rien à dire et que tu es laissé à part.

ensuite tu constates que les Domiens sont à part et faut croire que t'en déduis que t'as un point commun avec eux en tant que sous-citoyen.

Tu es un esclave qui réclame son affranchissement en somme.
On aura tout vu !

15 janvier 2010 à 23:40  
Anonymous Anonyme a dit...

Tu es agressif, visiteur, trop, ce n'est ni la marque de la sérénité, ni celle de l'assurance. Tant pis.
Je ne revendique rien, je constate. Pourquoi n'aurais-je rien à dire? Pourquoi serais-je laissé à part? Parce que tu le décide? Je ne constate pas que "les domiens sont "à part".
En fait, tu ne vois que ce que tu regardes, et tu ne regardes que ce que tu as déjà en tête. Tu as décidé de ma réponse, de ce que je veux dire, et surtout, tu simplifies tellement la pensée des autres que je suppose que c'est ton seul moyen pour te la rendre accessible...

Et tu m'appelles esclave?

Tant pis pour le débat, reste dans ton schéma, c'est surement plus confortable, salutations tout de même.

17 janvier 2010 à 02:29  
Anonymous Le visiteur a dit...

au fait, y'aurait pas Gauthierot qui est en train de se la jouer à la José Bové en ce moment en Guadeloupe ?
savez Bové, celui qui est à Europe écologie, là...

serait-il possible de savoir ce que les Guadeloupéens pensent des Mac Donald's dans ce tintouin ?

17 janvier 2010 à 06:51  
Anonymous Anonyme a dit...

Il est vrai que l'agressivité ne sert à rien, là.
Il serait peut-être plus constructif de répondre à Bert calmement.
Il n'est pas venu agresser, il me semble, il pose des questions
Que vient faire le parallèle faussé avec l'ex-Yougoslavie ?
Il ne revendique en rien d'être un citoyen passif, il cherche
Vous avez l'air de vous amuser sur ce blog, visiteur et d'y jouer Le Fou du Roy

17 janvier 2010 à 23:43  
Anonymous Le visiteur a dit...

hugo-chavez-exproprie-une-chaine-d-hypermarches-franco-colombienne.../ Casino dans le colimateur
(à lire dans la presse )

prends en de la graine, hé, Bert l'impérialiste
c'est pas de la politique à papa, ça !

18 janvier 2010 à 00:35  
Anonymous Le visiteur a dit...

anonyme, permettez-moi de vous appeler Ti-tôt
surtout si vous écoutez le fou du roy au réveil en buvant le café.
petite mise au poing entre bert et moi
je suis sur sa piste via un autre blog
je le piste comme un animal
vous avez raison de me retenir, je suis très sensible aux signes de mon entourage.
merci bien.

18 janvier 2010 à 08:30  

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