Reprise du mouvement social le 3 octobre
LKP, AVIS D’OURAGAN SOCIAL
Mercredi 15 septembre, le LKP a tenu un meeting devant le désormais mythique Palais de la Mutualité. Contrairement aux derniers rassemblements auxquels j’avais assisté avant les vacances, la foule était à nouveau au rendez-vous. Il faut dire que le gouvernement vient d’offrir, sur un plateau d’argent, un formidable prétexte au LKP pour remobiliser ses troupes : il s’attaque au prix de l’essence que le mouvement social était parvenu à faire baisser considérablement. En effet, une première hausse de 6 centimes a pris effet cette nuit-là à minuit. La reprise du conflit est annoncée pour le 3 octobre.
1. Sortir du politique
Lors d’une interview donnée sur RFO ce soir-là, Marie-Luce Penchard, nouvelle secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, a expliqué que le baril de brut étant passé de 40 à 70 dollars, un premier réajustement était inéluctable avant d’ajouter, parlant du carburant : « Il faut sortir de ce prix politique, il faut dire aux Guadeloupéens que c’est un prix politique qui ne correspond pas à la réalité. » C’est toujours intéressant de voir un homme ou une femme politique dénigrer précisément le politique pour se faire le chantre de la loi du marché… Intéressant mais pas vraiment surprenant de la part d’un membre de ce gouvernement me direz-vous… Ceci dit, elle n’a pas tort, ce que demande le LKP, c’est bien un prix politique.
2. Hors de la réalité
La secrétaire d’Etat guadeloupéenne surenchérit : « on ne peut pas rester dans une situation où au bout du compte, on fait supporter à la communauté nationale le prix d’un carburant qui ne correspond pas à la réalité ». Or la Guadeloupe a payé pendant des années et des années un prix exorbitant pour l’essence, qui ne correspondait pas du tout à la réalité. On a menti tout ce temps-là aux Guadeloupéens sur la structure des prix et si ce n’était les recherches obstinées de Philippe Jouve, délégué CFDT pour les marins-pêcheurs (et postérieurement l’un des 48 membres du LKP), qui le premier a mis en évidence un certain nombre de malversations dans ce domaine, et la reprise de ses dénonciations par le LKP, nul doute que le prix de l’essence en Guadeloupe continuerait à atteindre des sommets ! Jusqu’au LKP, cette injustice ne semblait poser aucun problème à l’Etat, bien au contraire : il la cautionnait.
3. Principes républicains contre loi du marché
Par ailleurs, le LKP a dénoncé et mis en évidence la désastreuse situation sociale que vit la Guadeloupe. Tous les indicateurs, comme le chômage notamment, sont bien plus alarmants ici qu’en métropole. Il ne semble pas insensé, après le vol caractérisé que les Guadeloupéens ont subi pendant des années à la pompe, qu’un gouvernement responsable fasse un effort pour maintenir, tout particulièrement en cette période de crise mondiale, le gel du prix de l’essence en Guadeloupe et que dans un état républicain, la solidarité nationale joue, au besoin, son rôle. Ce serait tout le sens d’un « prix politique ».
4. Le détonateur
Le coût de l’essence est particulièrement symbolique. C’est sur cette question que le LKP s’est créé, sur cette question qu’il a commencé à mobiliser ; c’est aussi sa plus grande victoire au jour d’aujourd’hui puisque les autres promesses de l’Etat ne sont toujours pas tenues… Les Guadeloupéens y sont naturellement particulièrement sensibles, qu’ils soient elkapistes ou non. Comme dans le premier mouvement, celui des 44 jours, l’essence est loin de constituer l’essentiel des revendications sociales et identitaires en suspens, néanmoins, elle risque bien de rejouer son rôle de déclencheur.
5. Position des élus locaux
Les présidents des conseils régional et général se sont d’ores et déjà prononcés contre cette hausse, ce qui a valu à Victorin Lurel, président de Région, une volée de bois vert assorti de menaces de la part d’un Eric Raoult, chargé des questions de l’Outre-mer à l’UMP, très remonté. Lors du meeting du LKP, de nombreux appels du pied ont été faits aux politiques pour qu’ils choisissent clairement leur camp. Puisqu’ils prétendent détenir la légitimité démocratique, il leur a été demandé de peser de tout leur poids pour contraindre l’Etat à respecter ses engagements et de démontrer si, comme ils le prétendent, ce sont bien les intérêts de la population qui les a élus qu’ils défendent.
6. Le 3 octobre, une journée cruciale
Les orateurs ont tous appelé à la reprise du mouvement, à l’importance de se tenir prêt pour repartir en rang serré, le plus unis possible. Les discours très combattifs se sont succédés, une date a été martelée : le samedi 3 octobre. Présentée comme le départ de la reprise du mouvement, cette date sera surtout un test fondamental pour que le LKP mesure les forces qui lui restent. La mobilisation ou au contraire l’indifférence du peuple guadeloupéen ce jour-là décideront à n’en pas douter de la suite du mouvement.
FRédéric Gircour (chien.creole.blogspot.com)
2 commentaires:
je ne comprennais pas pourquoi tu avais ouvert un nouveau blog ... mais maintenant que je peux commenter, je comprends ;)
Pour beaucoup, le mouvement ne s'est pas arrêté. Et entend pas mal de choses en ce moment, des blocages dès lundi 21 septembre ?
J'ai aussi entendu que les Services de RG étaient à "fond" en ce moment !
Bref, ça se met en place tout doucement, mais surement ...
Mwen ka espéré yo péké suiv' cé tèbè là.
Yo ké fin' tchoué la Guadloup...
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